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La magie de l’heure bleue !

Il existe un moment particulier qui n’est plus le jour et pas encore la nuit. Pendant quelques minutes le ciel se remplit alors d’un bleu profond tour à tour délicat puis intense qui transcende la scène qu’il illumine. Une couleur prisée des photographes, des peintres mais aussi des cinéastes et des écrivains qui trouvent à cette heure bleue une poésie immense.

- Où et comment rencontrer cette heure bleue ?
- Avec quel matériel ?
- Comment et quoi photographier ?

Voici donc un petit tutoriel pour expliquer en quelques points comment tirer au mieux parti de cette fameuse heure bleue !

 

1- Qu’est ce que l’heure bleue ?

« Un instant suspendu à la fin du jour ». Telle est ma description ! Oui mais encore ? Le soleil s’est déjà couché, la nuit pourtant n’est pas encore tombée. C’est un temps suspendu, l’heure où l’agitation fait place à une certaine lenteur, où tout est silencieux. Dans un bleu profond, tout prend une teinte gommée, les contours s’estompent, devienne flous…

Technique : Nikon D700 à 18mm / Ouverture : F9 / Vitesse : 30 sec / Sensibilité 200 iso / Yannick Charifou Photography ©

Cette couleur est le résultat d’un phénomène physique appelé diffusion « Rayleigh » ou encore l’effet « Tyndall ». En d’autres termes, la couleur bleue que nous voyons est le résultat de la diffusion de la lumière solaire par l’atmosphère.

 

2- Où et quand trouver cette heure bleue ?

Cette heure est normalement la plus intense à l’automne et au printemps qu’en hivers ou en été. Elle est également d’autant plus marquée que son spectateur se trouve dans un lieu situé en altitude. Ce moment est éphémère lorsqu’il se présente. Le photographe n’a pas d’autres choix que d’être prêt à déclencher s’il ne veut pas avoir à revenir le lendemain… Car l’heure bleue ne laisse que quelques minutes à celui qui avait prévu de la surprendre avant de disparaître à nouveau laissant place à l’obscurité puis à la nuit. Pour les puristes, on ne pourrait même pas l’appeler « heure » bleue puisque ce moment ne dure qu’entre 20 minutes et 45 minutes environ. Alors quand je vous dis que cet instant se mérite, c’est qu’il y’a des raisons !

Pour ne pas la rater, il faut donc anticiper la chose. Comment ? Et bien en trouvant simplement les horaires du crépuscule de l’endroit où vous vous trouvez. Ce site , www.bluehoursite.com, vous aidera par le biais de la détection de votre position sur le globe à calculer le meilleur moment pour prendre des photos durant l’heure bleue. Pour cela il suffit simplement d’entrer la date, le pays et la ville afin d’avoir le début et la fin de ce fameux instant !

Petite remarque : en réalité cette heure bleue se produit à 2 reprises durant la journée. Au crépuscule comme je l’ai dit mais également à l’aube ! Donc 2 fois plus de chance de la saisir… et puis comme on dit « Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ! ».

 

3- Quel matériel emporter ?

Vous avez trouvé l’endroit où photographier, calculé le début de l’heure bleue et vous attendez donc impatiemment que le phénomène fasse son spectacle devant vous ! Or ça serait vraiment dommage qu’une fois arrivé sur place vous vous rendiez compte qu’il vous manque quelques choses.

Voici donc cette petite liste :

- un reflex numérique qui permette un temps de pose maximum d’au moins 30 secondes ou à défaut ayant le mode pose B (bulb) pour une vitesse illimitée. Autant vous dire qu’il n’est nullement besoin d’avoir le dernier cri des reflex pour faire ce genre d’images. Là je m’adresse à ceux qui viennent de casser leur tirelire pour un D3100 – D5100 – D7000 des Nikon ou 550D – 600D des Canon : vous avez un excellent boitier que vous allez mettre rapidement au profit !

- côté objectif : je préconise un grand angle (12-24mm pour les petits capteurs ou 14-24mm pour les full frame). Ceci dit, votre 18-55mm ou 18-105mm (utilisé à 18mm) livré en kit est parfait ! Nul besoin d’aller investir dans des objectifs ultra lumineux ouvrant à 2.8, 1.8 ou 1.4 ! Bien au contraire, nous utiliserons pour ce genre d’images des ouvertures plus petites comme 9 ou 10 par exemple (ce que la plupart des objectifs permettent).

- un bon trépied ! Puisque l’heure bleue exige d’utiliser des vitesses d’obturations de plusieurs secondes, il vous faudrait donc un trépied relativement stable avec une tête qui puisse régler votre appareil dans les 3 plans de l’espace. Un petit conseil : préférez les trépieds en carbone pour sa légèreté lorsque vous le transporterez

- une télécommande filaire ou infrarouge pour déclencher à distance afin d’éviter les micro-vibrations lorsque vous appuierez sur le déclencheur

- un sac photo confortable et assez grand pour mettre vos affaires (petite préférence pour la série Lowepro Slingshot)

- un bon pull et un parapluie car on ne sait jamais ! Ca serait dommage de tomber malade !!

- bien que ça ne soit pas « matériel » mais de la sensibilité mais aussi de la patience ! Restez chez vous autrement.

Petite dédicace à mon ami Thomas qui m’accompagne durant mes trips « pose longue » qu’il a baptisé « Pause longue avec Yannick »

4- Comment et quoi photographier techniquement ?

L’heure bleue est connue pour magnifier les paysages par la profondeur qu’elle crée. Il peut s’agir de paysages naturels avec des montagnes en arrière plan ou encore avec un plan d’eau au premier plan dans lequel va venir refléter le bleu profond du ciel.

Technique : Nikon D700 à 17mm / Ouverture : F10 / Vitesse : 20 sec / Sensibilité 200 iso / Yannick Charifou Photography ©

Les paysages urbains sont également très prisés. Il s’agit de bâtiments ou de monuments éclairés par les lumières jaunes sur fond de ciel bleu.

Technique : Nikon D700 à 24mm / Ouverture : F9 / Vitesse : 20 sec / Sensibilité 200 iso / Yannick Charifou Photography ©
Technique : Nikon D700 à 24mm / Ouverture : F8 / Vitesse : 30 sec / Sensibilité 200 iso / Yannick Charifou Photography ©

Enfin les ponts, les usines ou encore les passages piétons dans la mesure où votre sujet comporte des zones éclairées se prêteront parfaitement à ce type de lumière ambiante créant au final un contraste entre les zones claires des éclairages et les bleus nuit plus profond du ciel.

Une fois sur le terrain et votre reflex fixé sur le trépied, prenez le temps de bien cadrer votre image. Choisissez le format RAW. Sélectionnez l’icône « soleil » dans le menu réglage des blancs. Désactivez l’auto-focus. Le plus souvent la mise au point faite manuellement correspond à l’infini (∞). A partir du moment où la lumière commence à descendre, optez pour une ouverture comprise entre F8 et F11. La sensibilité ISO doit être la plus basse (200 voire 100) pour réduire au maximum le bruit généré par la pose longue. Enfin réglez la vitesse de manière à ce que le curseur de la barre d’exposition  dans votre viseur se situe entre le chiffre -1 et -2. Cette sous-exposition aura pour conséquence de renforcer les bleus. Une fois que tout est prêt, déclenchez à l’aide de votre télécommande ou à défaut en appuyant sur le déclencheur de votre reflex après avoir pris le soin d’activer le mode retardateur . Vérifiez votre image et réajustez la vitesse en fonction du résultat !

Alors que pensez-vous de cette heure bleue ? Magique non ?

Tous à vos reflex !

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12 Comments

  1. Michael reply

    Très belles images et article intéressant ! :)
    Une belle occasion de faire du contraste chaud/froid!

    • Yannick Charifou

      Merci Michael !! Effectivement, comme tu le montres aussi très bien à travers ton article, cette dualité chaud/froid fonctionne beaucoup !

  2. komel reply

    Joli tutoriel Yannick, merci bcp pour ce partage de connaissance…
    Vais essayer d’appliquer tout ca ;-)

    Komel

    • Yannick Charifou

      Avec plaisir Koko !! « La connaissance, c’est partager le savoir qui nous fait grandir » Olivier Lockert
      J’attends alors tes clichés rapidement !

  3. thomas reply

    Super article! Très bon complément aux cours pratiques… On en apprend tous les jours. Merci de transmettre ta passion

    • Yannick Charifou

      Merci Thomas !! C’est avant tout un plaisir de se retrouver déjà certains soirs à rigoler et papoter en plus des images qu’on arrive à réaliser !! Merci à toi de te libérer de temps en temps !!

  4. Zoher reply

    Le bleu ma couleur préférer, tu me fais rêver, un jour j’aurais mon appareil in ch Allah pour mettre en pratique … merci de partager ta connaissance en la matière et comme dis Thomas on en apprend tout les jours et c’est un plaisir.

    • Yannick Charifou

      Merci Zoher !! Je suis très ambivalent :D Je fais rêver avec ces images comme je fais voir parfois la dure réalité sur des thèmes comme la faim ou la pauvreté ! Mais tant que ça procure une émotion chez le spectateur, mon contrat est rempli !! Oui il est important de transmettre d’une manière générale. Alors je suis content que ça pourra certainement te servir le jour où tu auras ton reflex !

    • Maureen

      tre8s joli (en plus j’aurais du passer ces deux dernie8res snaimees en Bretagne (e0 la place l’Arde8che ce qui me convient aussi en plus il n’a pas fait mauvais (sauf les taons qui m’ont bouffe9 les mollets)).Faisons notre minute culturelle: il y a un tableau de Magritte L’empire des lumie8res (qui faisait de l’HDR avant que l’APN existe, hein). Moi j’aime bien ta photo, surtout le coup de l’heure bleue, et le bleu du ciel et celui de la mer (et puis aussi le granite rose hachement tellurique, et la lumie8re jaune des lampes, cool, cool).

  5. Maalik reply

    Tres bon article, et tres belles images…
    un « reve bleu » :-)

  6. KATIA reply

    Merci pour ce petit topo très intéressant!!!! ça donne envie de mettre en pratique

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